Télémaque (12) (25/08/2012)

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Source : http://ulyssesseen.com

Nous avons là un aperçu important de la personnalité de Stephen, en apprenant qu'il a refusé de prier pour sa mère au chevet de son lit de mort. Quel genre de trouduc faut-il être pour ne pas répondre au souhait de sa mère mourante, lorsqu'elle demande de l'accompagner dans ses prières ? Vaste sujet.

Je veux dire que oui, Stephen est un Artiste d'une Profonde Intégrité, qui ne peut faire de compromis entre sa croyance et son impiété. Et que oui, nous sommes amenés à le voir comme un proche parent de Hamlet, de Télémaque, et de tous ceux qui s'enrégimentent pour changer de vie, en garçons qui cherchent à devenir des hommes. Et je pense même que nous sommes supposés éprouver de la pitié, et pas qu'un peu, pour ce Stephen si aliéné par son comportement extrême.

Mulligan qualifie Stephen et lui-même d'Hyperboréens. Qu'est-ce que ça signifie ? Gifford nous donne les éléments de base pour comprendre : c'est une allusion classique à une sorte de race supérieure, juvénile et parfaite, qui vivait aux confins de la Terre. Plus précisément, Gifford fait référence à Nietzsche dans un passage de « La Volonté de puissance », où les Surhommes sont décrits comme des Hyperboréens, vivant par-delà les contraintes des conventions morales, et plus spécialement de la morale chrétienne.

Quelqu'un ici a-t-il quelque chose à ajouter sur les Hyperboréens ? Ou bien à propos du refus de Stephen de se soumettre, et de ce qu'il faut en penser ?

J'aime la vignette au bas de cette planche... Mulligan, imposant et bien replet, est superbement cadré et représenté comme s'il allait se mettre à lancer des rayons lasers avec ses mains. Ce qui donnerait quelque chose d'intéressant. Cette pose, cette posture, ce cadrage, tout cela est à l'unisson avec l'autorité de la critique parfaitement légitime de Mulligan à l'égard de Stephen. Et Stephen le sait bien, mais il s'en fiche.

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