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10/01/2016

Télémaque (33)

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source : http://ulyssesseen.com

On poursuit avec une image décrivant la vie à l'intérieur de la tour, avec Mulligan dans le rôle du tyranneau bavard et Stephen dans celui du cafardeux. L'amusement de Mulligan à parodier la messe continue, en distribuant parcimonieusement les œufs tout en récitant les paroles du signe de croix. Et l'on peut aussi reconnaître à l'arrière-plan le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dans les trois hommes : Mulligan usurpant le Père, Stephen en Fils sans père, et Haines en Saint-Esprit qu'il n'est pas plus.

La suggestion de Stephen, de boire le thé avec du citron au lieu du lait, est réprouvée par Mulligan pour son "parisianisme". Ainsi, on obtient un nouvel élément sur Stephen, et on en saura bientôt plus sur son séjour à Paris. Le temps qu'il a passé à l'étranger est une référence à Joyce lui-même, qui est réellement allé à Paris après avoir eu son diplôme universitaire, et qui en est revenu pour se rendre au chevet de sa mère mourante. Cela rappelle aussi Hamlet, qui revient au Danemark après avoir passé des jours plus heureux à Wittemberg.

01/11/2015

Télémaque (32)

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source : http://ulyssesseen.com

Certes, on donnera un bon point à Mulligan pour la préparation du petit-déjeuner, mais il est clair qu’il n’est pas le genre de personne que l’on aime avoir autour de soi quand on a la gueule de bois – la chansonnette, le sarcasme déplacé, la fumée de cigarette, la débauche d’énergie, les ordres (“Kinch, réveille-toi !”)… tout ce qui fait un comparse agaçant. Je commence à le voir comme une version légèrement sophistiquée du personnage Frank “the Tank”, incarné par Will Ferrell dans le film Old School (NDT : Retour à la fac en VF).

Gifford glose au sujet de la bougie, qu’il voit comme une plaisanterie sur la masturbation féminine, ce qui n’est pas exclu, mais je ne suis pas vraiment sûr de ce que cela apporte à notre compréhension de la scène. Cela rappelle plutôt la singerie de messe dont nous avons parlé précédemment, et qui reviendra quand Mulligan servira les œufs.

J’aime le détail du dessin de Stephen assis sur le chant de sa valise – c’est indiqué dans le texte, mais je ne l’avais jamais remarqué. Dans sa célèbre biographie de Joyce, Richard Ellmann évoque l’habitude qu’avait Joyce de se servir de sa valise comme bureau lorsqu’il écrivait chez lui, assis sur une chaise avec la valise posée debout devant lui. La famille de Joyce était toujours sur le départ quand il était enfant, prête à fuir les propriétaires et autres créanciers. Que Stephen n’ait pas de chaise révèle quelque chose de son statut dans ce foyer, mais cela nous indique aussi qu’il est prêt à en partir.

11/10/2015

Télémaque (31)

us_comic_tel_0031_16.jpg

source : http://ulyssesseen.com

Cette page m’a fait sourire, quand je l’ai vue pour la première fois. Il ne s’y passe pas grand chose, mais elle donne à voir un passage du roman que je me m’étais jamais vraiment représenté visuellement, même après avoir maintes fois relu ce chapitre. Le dessin de Rob accentue la façon dont on passe de la clarté extérieure de la scène précédente, à un intérieur sombre et enfumé, contraste peu évident dans le texte. Ceux qui ont visité le musée James Joyce de Sandycove pourront témoigner de l’étroitesse et de l’obscurité de la tour, mais le dessin de Rob vous économise le voyage. Tout en suivant ce mouvement, on restera attentif aux propos et aux pensées des personnages, différents, à l’intérieur de la tour, de ce qu’ils étaient à l’extérieur.

L’échange à propos de la clef est aussi révélateur : Mulligan dit à Haines d’ouvrir la porte et que Stephen en détient la clef, alors qu’elle se trouve sans la serrure. Pourquoi est-ce Haines qui ouvre la porte ?