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20/04/2014

Télémaque (22)

littérature,roman,illustration,irlande,dublin,james joyce,ulysse
source : http://ulyssesseen.com

À propos de la planche précédente, notre collègue Josh a écrit : « Je pense qu'une autre façon de voir que cette offense, ressentie par Stephen, est très caractéristique de celui-ci, consiste en sa manière de montrer à Mulligan qu'il ne s'émeut pas du tir de barrage verbal que ce dernier vient de lui opposer ; et qu'il n'a pas l'intention de ravaler sa rancune. Comme on le voit, c'est une parade efficace. Stephen sait que, derrière ses fanfaronnades, Mulligan cache un profond désir d'être adoré et respecté, et il sait que sa réaction est un coup d'épingle dans la baudruche de Mulligan. »

Oui, en effet. C'est peut-être le moment de se référer à L'Odyssée, lorsqu'Athéna apparaît au jeune Télémaque pour lui dire qu'il doit quitter sa maison, pleine d'usurpateurs, et aller par le monde découvrir ce qui est arrivé à son père. Homère n'en dit trop rien, mais il semble que Télémaque aurait aussi pu choisir de s'attacher à l'un ou plusieurs des prétendants de sa mère. Il aurait pu chercher à se faire admettre dans leur cercle. Cela aurait pu être tentant, tout comme Stephen pourrait être tenté de souscrire à la vision que Mulligan se fait du futur de la culture irlandaise. Mais il n'y parvient pas, et vu ainsi, il me semble maintenant plus clair que, durant la nuit précédente, Stephen a réalisé que Mulligan n'a en fait aucune vision authentiquement personnelle, et qu'il prend sans cesse les autres pour de simples proies.

La représentation de la scène par Rob se passe de commentaire, mais quand je l'ai vue pour la première fois, j'ai repensé au vieux comic strip Spy vs. Spy.

06/04/2014

Télémaque (21)

littérature,roman,illustration,irlande,dublin,james joyce,ulysse
source : http://ulyssesseen.com

Si vous ne saviez pas encore que Mulligan était étudiant en médecine, il le prouve ici. Il ne comprend pas pourquoi Stephen s'offusque à ce point de sa réflexion au sujet de sa mère « crevée comme une bête ». J'imagine que cela laisse aussi la plupart des lecteurs un peu perplexes – ou du moins étonnés que Stephen le rumine aussi longuement.

On a (en bas de page) un exemple classique de « stéphanisme » - où il se montre moins irrité par l'insulte envers sa mère que par l'offense faite à lui-même.

Que veut dire Stephen par là, et pourquoi cela ressort-il maintenant ? Pris au premier degré, Stephen est peut-être autant agacé par Mulligan disant « c'est seulement Dedalus » [N.D.T. : souligné par nous] que par l'allusion à sa mère « crevée comme une bête ». Mais en allant plus loin, si Mulligan avait du respect pour Stephen, ou s'il le considérait comme son égal, ou bien encore s'il voyait en lui l'artiste prometteur que Stephen s'imagine être... il n'aurait pas parlé ainsi. C'est un autre petit détail qui nous montre combien l'intérêt de Mulligan pour Stephen est hypocrite. Cette anecdote contribue aussi à dévaloriser, ou à donner une autre teneur à l'invitation de Mulligan à un voyage en Grèce. Je pense aussi que Stephen est vexé parce que la mort de sa mère tient une place immense dans son quotidien, et qu'il aimerait échapper à la fixation qu'il fait dessus – mais comme nous l'avons vu précédemment, cela continue à le hanter.

Et puis, qui était Sir Peter Teazle ? Premièrement, c'était un personnage de la pièce de Richard Brinsley Sheridan, L'école de la médisance, très populaire à la fin du XVIIIe s. Deuxièmement, un cheval de course aux prix multiples ! Je n'en savais rien, mais cela cadre bien avec une perspective ulysséenne.